Salut c'est Claude Moniquet et comme tous les mardis, tu me retrouves dans "Moniquet Time" sur S.I.S Radio.
Aujourd'hui je suis d’humeur sombre. Cela ne me ressemble pourtant pas, même si je parle souvent de sujets graves. Bon, sombre, peut-être pas, mais, je dirais déçu, inquiet, choqué, scandalisé. Ou en colère, oui, en colère…
C’est qu’un homme est mort. À Paris, dans la nuit du 19 au 20 janvier. Il s’appelait René Robert, c’était un photographe connu et il était âgé de 84 ans.Alors bien entendu, on me dira qu’un homme de 84 ans qui meurt, c’est triste pour lui et pour ses proches, mais il n’y a peut-être pas de quoi en faire un plat. Ou une chronique radio. C’est un bel âge, comme on dit, 84 ans.
Et c’est vrai que je ne l’aurais probablement pas faite, cette chronique, si n’étaient les circonstances très particulières de la mort de cet homme.
- Mais quelles sont-elles ces circonstances ? Une agression ? Un meurtre ? Un attentat ?
Ni l’un ni l’autre, Michel, René Robert a fait un malaise.
Alors là, à nouveau, j’entends presque nos auditeurs se gratter la tête en se demandant ce qu’il y a de si particulier à ce qu’un homme de 84 ans meure d’un malaise. En fait, rien. Le problème c’est que René Robert n’est pas mor de son malaise, mais de ses suites.Il était 21 heures, le 19 janvier, et le photographe déambulait rue de Turbigo, en plein hypercentre de Paris, lorsqu’il fit ce malaise et s’écroula sur le trottoir. Et sur ce trottoir il devait rester 9 heures. Je répète pour ceux qui auraient un doute ou penseraient avoir mal entendu : René Robert est resté allongé sur le trottoir de la rue de Turbigo, la tête en sang parce qu’en plus il s’était blessé dans sa chute pendant 9 heures. Et pendant 9 heures, personne ne lui a porté secours, personne ne s’est arrêté, personne même n’a pensé à appeler les secours…. Neuf heures !
- Pourtant, la rue de Turbigo, ce n’est pas vraiment au milieu de nulle part…
Non, on se trouve là à la limite des quartiers des Halles et des Arts-et-Métiers, la rue de Turbigo court dans les 1er, «3ème et 3ème arrondissement et coupe d’autres voies importantes, comme la rue Réaumur et le Boulevard de Sébastopol, on est à quelques centaines de mètres du Centre Pompidou. Dans la rue elle-même, on compte au moins une dizaine de bars, cafés et restaurants et dans les alentours immédiats certainement une centaine d’établissements du même type. Tout ça pour dire que la circulation y est intense, à pied, à vélo, à trottinette ou en voiture. Et pourtant, en 9 heures, rien, pas une réaction, pas un arrêt, pas un appel aux urgences.
Dans la nuit du 19 au 20 janvier, rue de Turbigo, l’humanité était, simplement aux abonnés absents.
Les pompiers finiront par relever René Robert, à 06h30 du matin, mais pour constater son décès. Par hypothermie. Et qui les avait prévenus, les pompiers ? Eh bien, un moins-que-rien, un oublié de la société, un invisible, in intouchable… Un SDF. Un de ces hommes qui savent que le froid, la nuit, dans la rue, peut tuer.
Ah oui, je le précise : l’année dernière, 60 SDF sont morts dans la rue à Paris. Tous dans la même indifférence que René Robert. Alors, pour faire écho à ce que vous disiez au début de cette chronique, Michel, Oui, je suis en colère.
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